vendredi 1 juillet 2016

Eyes In The Skye


Grande amatrice de séries, imaginez ma joie quand, dernièrement (2014), l'une d'elle est sortie mêlant mes deux grandes passions, l'histoire et la culture anglo-saxonne et le fantastique/science fiction.
Je ne m'autorise que très rarement à faire de la pub mais Outlander est pour moi une des séries les mieux réalisées et qui tient pas mal la route au niveau historique (ce qui est loin d'être toujours le cas). En effet, la photographie, les costumes, le travail des personnages et la trame scénaristique (si on oublie le sur-développement romantique des deux personnages principaux) sont des éléments qui font de cette série une des meilleures que j'ai eu la chance de regarder ces dernières années.

Je ne me fie généralement que très peu aux génériques car je suis souvent déçue du contenu de la série, surtout ces dernières années où c'est presque devenu un art et même une compétition de pondre un opening avec une image sublime ornée d'un morceau fabuleux (je citerai ici VikingsTrue DetectivePenny Dreadful ou encore Blacksails). Outlander fait ici exception à la règle en servant un contenant et un contenu. Aussi, ce générique envoûtant, dans un soucis du détails extrême, est lui-même tout aussi intéressant. Je m'explique :

Le synopsis

Pour bien comprendre mon propos, il est essentiel de se remettre dans le contexte de la série. Ainsi dans les grandes lignes, Outlander raconte l'histoire d'une infirmière anglaise de la seconde guerre mondiale qui se retrouve propulsée dans l’Écosse de 1743, durant l'occupation anglaise (sous le règne de Georges II). Elle est contrainte de vivre au sein du clan Mackenzie (un des clans écossais les plus importants et influent du pays) qui prend plus ou moins part (no spoil) à la rébellion contre le pouvoir anglais.

Le contexte historique réel

En 1688, le roi Jacques II d'Angleterre (qui est aussi Jacques VII d’Écosse) est détrôné par un coup d’État qu'on appelle la Glorieuse Révolution. Il est de la maison des Stuart, qui depuis pas mal de temps règne sur l’Écosse. Ils sont catholiques, en opposition aux autres maisons britanniques majoritairement protestantes.
La Kadarshian de la famille serait Marie Stuart qui est la petite fille de la sœur d'Henry VIII. (Je sais c'est complexe !) Elle est connu pour sa rivalité avec Élisabeth I ère, sa cousine du coup, parce qu'elle voulait récupérer son trône. (cf Reign, série qui est pas historiquement tout à fait correcte mais qui permet de mettre des visages sur des personnages historiques ce qui est vachement plus facile pour comprendre leurs arbres généalogiques plutôt tordus).
Bref, il y a pas mal de gens qui restent fidèles à Jacquouille et à sa famille et qui veulent le retour des Stuarts sur le trône d'Angleterre. On les appelle les jacobites. Ils essayent plusieurs fois des insurrections contre le souverain en place sans vraiment grand succès.
L’Écosse est là d'où est venu le plus de tentatives de reconquête du pouvoir (5 fois en moins de 55ans, toutes lancées à partir de France, du à l'exil des adhérents à la cause).
Celle qui nous intéresse ici est la dernière de ces tentatives. Charles Edward Stuart, dit Bonnie Prince Charlie (j'adore ce surnom!), lance une insurrection en 1745, détruit les anglais en Écosse à la bataille Prestonpans mais subit une défaite écrasante à la bataille de Culloden, face au prince d'Angleterre, 7 mois après. C'est un massacre, on tue tout le monde et ceux encore en vie sont réduits en esclavage et envoyés aux États Unis. Ça met fin aux clans écossais tel qu'on les connaît et à tout essais de rébellion jacobite. Quand à Bonnie Prince Charlie, après avoir erré pendant des mois dans les Highlands, il s'enfuit en France où il y vivra toute sa vie en exil. Il meurt à Rome en 1788.
Je me suis attardé la dessus, non seulement parce que c'est une de mes périodes préférées mais aussi parce que c'est des faits importants pour comprendre ce générique.

Et c'est là où les anglais ont débarqué...


Le Générique

Charlie qui paye ses respects à Flo,
 après qu'elle ait sauvé ses fesses.
La mélodie vient d'une chanson appelée The Skye Boat Song qui commémore la fuite de Bonnie Prince Charlie en 1746 après la défaite de Culloden. Le légende dit que c'est grâce à son déguisement de servant irlandais (ou servante selon les versions) et à l'aide de Flora MacDonald (belle fille du commandant de la police de Benbecula et partisane, comme la totalité de son clan, de la cause jacobite) qu'il pu s'enfuir sur un petit bateau qu'il prend de l'Ile d'Uist pour l'Ile de Skye, pour enfin avoir accès à un navire qui l'amenera en France. Cette mélodie est écrite pour la première fois par Lady Wilson (Annie MacLeod) qui l'a entendu entonnée par des rameurs lors d'un voyage sur l’Île de Skye en 1870. On dit qu'elle viendrait de la chanson gaélique Cuachag nan Craobh (« Le coucou dans le bosquet »). Les paroles sur l'aventure de Charles Edouard Stuart et de Flora MacDonald furent introduites par Sir Harold Boulton dans Songs of the North, publié en 1884.
Depuis cette chanson est restée un classique du répertoire traditionnel écossais. On en compte de très nombreuses reprises dont celle des Shadows en 1987, des Chieftains ou encore des Corries (1995) qui reste la plus connue.
En ce qui concerne les paroles, Bear McCreary, dans la BO d'Outlander utilise le poème de Robert Louis Stevenson, Sing Me a Song Of A Lad That Is Gone (1892) qui traite aussi de la fuite du bonnie prince. En changeant le « lad » en « lass », il fait du personnage principal une femme pour coller au plot de la série.

Paroles de Sir Harold Boulton Poème de Robert Louis Stevenson
Chorus :
Speed bonnie boat like a bird on the wing,
Onward, the sailors cry.
Carry the bairn/lad that’s born to be king,
over the sea to Skye.

Loud the winds howl, loud the waves roar,
Thunderclaps rend the air;
Baffled, our foes stand by the shore,
Follow they will not dare.

Chorus

Though the waves leap, soft shall ye sleep,
Ocean’s a royal bed.
Rocked in the deep, Flora will keep
Watch by your weary head.

Chorus

Many’s the bairn fought on that day,
Well the claymore could wield,
When the night came, silently lay
Dead in Culloden’s field.

Chorus

Burned are their homes, exile and death
Scatter the loyal men;
Yet e’er the sword cool in the sheath
Charlie will come again.
Sing me a song of a lad that is gone, 
Say, could that lad be I? 
Merry of soul he sailed on a day 
Over the sea to Skye. 

Mull was astern, Rum on the port, 
Eigg on the starboard bow; 
Glory of youth glowed in his soul; 
Where is that glory now? 

Sing me a song of a lad that is gone, 
Say, could that lad be I? 
Merry of soul he sailed on a day 
Over the sea to Skye. 

Give me again all that was there, 
Give me the sun that shone! 
Give me the eyes, give me the soul, 
Give me the lad that's gone! 

Sing me a song of a lad that is gone, 
Say, could that lad be I? 
Merry of soul he sailed on a day 
Over the sea to Skye. 

Billow and breeze, islands and seas, 
Mountains of rain and sun, 
All that was good, all that was fair, 
All that was me is gone.

(Les vers du poème sont les paroles de la version "extended" du générique, présente dans le volume II de l'OST. Le générique « normal » se résume à la première et à la dernière strophe.)

Sans oser conseiller la série à qui veut bien l'entendre (amateurs d’Écosse, de sang et de sexe, allez voir sérieux.), je me permet de vous recommander au moins cette jolie reprise/adaptation avec la voix magnifique de Raya Yarbrough (parce que quand tu diriges une BO entière, tu peux te permettre de faire chanter ta femme de temps en temps), si ce n'est l'entière BO de Bear Creary qui est un chef d’œuvre du genre. (Oui je sais, j'en fais un peu des caisses..). Je me suis pas trop attardé sur lui étant donné que c'est la chanson même qui m'intéressait mais il a travaillé sur des projets comme Da Vinci's DemonsBlack Sails et The Walking Dead  (entre autres) ou encore sur des BO de jeux vidéos comme Assassin's Creed Syndicate. Donc autant vous dire qu'il n'est plus trop nécessaire de le présenter. 
Bref, un opening qui a plus de sens qu'il ne le fait croire et qui vous trottera dans la tête pendant un bon petit moment je pense.





2 commentaires:

  1. "La Kadarshian de la famille serait Marie Stuart"

    y a plus d'respect putain

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  2. Bah je suis désolée mais la meuf qui tombe amoureuse de tout ce qui bouge, qui vit dans le drama toute sa vie (je pense à la fuite en Angleterre à la prison break) et qui complote et médit contre sa cousine (l'histoire des lettres codées dans les tonneaux de bières), pour moi c'est l'analogie moderne qui se rapproche le plus de la "réalité".

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