Grande amatrice de
séries, imaginez ma joie quand, dernièrement (2014), l'une d'elle
est sortie mêlant mes deux grandes passions, l'histoire et la
culture anglo-saxonne et le fantastique/science fiction.
Je ne m'autorise que
très rarement à faire de la pub mais Outlander est
pour moi une des séries les mieux réalisées et qui tient pas mal
la route au niveau historique (ce qui est loin d'être toujours le
cas). En effet, la photographie, les costumes, le travail des
personnages et la trame scénaristique (si on oublie le
sur-développement romantique des deux personnages principaux) sont
des éléments qui font de cette série une des meilleures que j'ai
eu la chance de regarder ces dernières années.
Je
ne me fie généralement que très peu aux génériques car je suis
souvent déçue du contenu de la série, surtout ces dernières
années où c'est presque devenu un art et même une compétition de
pondre un opening avec une image sublime ornée d'un morceau fabuleux
(je citerai ici Vikings, True
Detective, Penny
Dreadful ou
encore Blacksails). Outlander fait
ici exception à la règle en servant un contenant et un contenu.
Aussi, ce générique envoûtant,
dans un soucis du détails extrême, est lui-même tout aussi
intéressant. Je m'explique :
Le synopsis
Pour bien comprendre
mon propos, il est essentiel de se remettre dans le contexte de la
série. Ainsi dans les grandes lignes, Outlander raconte
l'histoire d'une infirmière anglaise de la seconde guerre mondiale
qui se retrouve propulsée dans l’Écosse de 1743, durant
l'occupation anglaise (sous le règne de Georges II). Elle est
contrainte de vivre au sein du clan Mackenzie (un des clans écossais
les plus importants et influent du pays) qui prend plus ou moins part
(no spoil) à la rébellion contre le pouvoir anglais.
Le contexte
historique réel
En 1688, le roi
Jacques II d'Angleterre (qui est aussi Jacques VII d’Écosse) est
détrôné par un coup d’État qu'on appelle la Glorieuse
Révolution. Il est de la maison des Stuart, qui depuis pas mal de
temps règne sur l’Écosse. Ils sont catholiques, en opposition aux
autres maisons britanniques majoritairement protestantes.
La Kadarshian de la
famille serait Marie Stuart qui est la petite fille de la sœur
d'Henry VIII. (Je sais c'est complexe !) Elle est connu pour sa
rivalité avec Élisabeth I ère, sa cousine du coup, parce qu'elle
voulait récupérer son trône. (cf Reign, série qui est pas
historiquement tout à fait correcte mais qui permet de mettre des
visages sur des personnages historiques ce qui est vachement plus
facile pour comprendre leurs arbres généalogiques plutôt tordus).
Bref, il y a pas mal
de gens qui restent fidèles à Jacquouille et à sa famille et qui
veulent le retour des Stuarts sur le trône d'Angleterre. On les
appelle les jacobites. Ils essayent plusieurs fois des insurrections
contre le souverain en place sans vraiment grand succès.
L’Écosse est là
d'où est venu le plus de tentatives de reconquête du pouvoir (5
fois en moins de 55ans, toutes lancées à partir de France, du à
l'exil des adhérents à la cause).
Celle qui nous
intéresse ici est la dernière de ces tentatives. Charles Edward
Stuart, dit Bonnie Prince Charlie (j'adore ce surnom!), lance une
insurrection en 1745, détruit les anglais en Écosse à la bataille
Prestonpans mais subit une défaite écrasante à la bataille de
Culloden, face au prince d'Angleterre, 7 mois après. C'est un
massacre, on tue tout le monde et ceux encore en vie sont réduits en
esclavage et envoyés aux États Unis. Ça met fin aux clans écossais
tel qu'on les connaît et à tout essais de rébellion jacobite.
Quand à Bonnie Prince Charlie, après avoir erré pendant des mois
dans les Highlands, il s'enfuit en France où il y vivra toute sa vie
en exil. Il meurt à Rome en 1788.
Je me suis attardé
la dessus, non seulement parce que c'est une de mes périodes
préférées mais aussi parce que c'est des faits importants pour
comprendre ce générique.
Et c'est là où les anglais ont débarqué...
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Le Générique
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La mélodie
vient d'une chanson appelée The Skye Boat Song qui
commémore la fuite de Bonnie Prince Charlie en 1746 après la
défaite de Culloden. Le légende dit que c'est grâce à son
déguisement de servant irlandais (ou servante selon les versions) et
à l'aide de Flora MacDonald (belle fille du commandant de la police
de Benbecula et partisane, comme la totalité de son clan, de la
cause jacobite) qu'il pu s'enfuir sur un petit bateau qu'il prend de
l'Ile d'Uist pour l'Ile de Skye, pour enfin avoir accès à un navire
qui l'amenera en France. Cette mélodie est écrite pour la
première fois par Lady Wilson (Annie MacLeod) qui l'a entendu
entonnée par des rameurs lors d'un voyage sur l’Île de Skye en
1870. On dit qu'elle viendrait de la chanson gaélique Cuachag
nan Craobh (« Le coucou dans le bosquet »). Les
paroles sur l'aventure de Charles Edouard Stuart et de Flora
MacDonald furent introduites par Sir Harold Boulton dans Songs
of the North, publié en 1884.
Depuis cette chanson
est restée un classique du répertoire traditionnel écossais. On en
compte de très nombreuses reprises dont celle des Shadows en
1987, des Chieftains ou
encore des Corries (1995)
qui reste la plus connue.
En ce qui concerne
les paroles, Bear McCreary, dans la BO d'Outlander utilise
le poème de Robert Louis Stevenson, Sing Me a Song Of A Lad
That Is Gone (1892) qui traite aussi de la fuite du bonnie
prince. En changeant le « lad » en « lass »,
il fait du personnage principal une femme pour coller au plot de la
série.
Paroles de Sir Harold Boulton | Poème de Robert Louis Stevenson |
Chorus :
Speed bonnie boat like a bird on the
wing,
Onward, the sailors cry. Carry the bairn/lad that’s born to be king, over the sea to Skye.
Loud the winds howl, loud the waves
roar,
Thunderclaps rend the air; Baffled, our foes stand by the shore, Follow they will not dare.
Chorus
Though the waves leap, soft shall ye
sleep,
Ocean’s a royal bed. Rocked in the deep, Flora will keep Watch by your weary head.
Chorus
Many’s the bairn fought on that
day,
Well the claymore could wield, When the night came, silently lay Dead in Culloden’s field.
Chorus
Scatter the loyal men; Yet e’er the sword cool in the sheath Charlie will come again. |
Sing me a song of a lad that is
gone,
Say, could that lad be I?
Merry of soul he sailed on a day
Over the sea to Skye.
Mull was astern, Rum on the port,
Eigg on the starboard bow;
Glory of youth glowed in his soul;
Where is that glory now?
Sing me a song of a lad that is
gone,
Say, could that lad be I?
Merry of soul he sailed on a day
Over the sea to Skye.
Give me again all that was there,
Give me the sun that shone!
Give me the eyes, give me the soul,
Give me the lad that's gone!
Sing me a song of a lad that is
gone,
Say, could that lad be I?
Merry of soul he sailed on a day
Over the sea to Skye.
Billow and breeze, islands and
seas,
Mountains of rain and sun,
All that was good, all that was
fair,
All that was me is gone. |
(Les vers du poème
sont les paroles de la
version "extended" du générique, présente dans
le volume II de l'OST. Le générique « normal » se
résume à la première et à la dernière strophe.)
Sans
oser conseiller la série à qui veut bien l'entendre (amateurs
d’Écosse, de sang et de sexe, allez voir sérieux.), je me permet
de vous recommander au moins cette jolie reprise/adaptation avec la
voix magnifique de Raya Yarbrough (parce que quand tu diriges une BO
entière, tu peux te permettre de faire chanter ta femme de temps en
temps), si ce n'est l'entière BO de Bear Creary qui est un chef
d’œuvre du genre. (Oui je sais, j'en fais un peu des caisses..).
Je me suis pas trop attardé sur lui étant donné que c'est la
chanson même qui m'intéressait mais il a travaillé sur des projets
comme Da
Vinci's Demons, Black
Sails et The
Walking Dead (entre
autres) ou encore sur des BO de jeux vidéos comme Assassin's
Creed Syndicate. Donc autant vous dire qu'il n'est plus trop
nécessaire de le présenter.
Bref, un opening qui
a plus de sens qu'il ne le fait croire et qui vous trottera dans la
tête pendant un bon petit moment je pense.
"La Kadarshian de la famille serait Marie Stuart"
RépondreSupprimery a plus d'respect putain
Bah je suis désolée mais la meuf qui tombe amoureuse de tout ce qui bouge, qui vit dans le drama toute sa vie (je pense à la fuite en Angleterre à la prison break) et qui complote et médit contre sa cousine (l'histoire des lettres codées dans les tonneaux de bières), pour moi c'est l'analogie moderne qui se rapproche le plus de la "réalité".
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